La naturopathie moderne : crédible et professionnelle

La naturopathie a beau s'appuyer sur des savoirs ancestraux, elle ne doit pas cesser d'évoluer. Aujourd’hui, parler de naturopathie moderne n'est pas un effet de mode ou un énième adjectif qu'on colle au mot « naturopathie » pour tenter de se différencier .Tu vois ce que je veux dire ... "Naturopathie holistique", "naturopathie vitaliste" etc... Blague à part, pour moi, tout ça n'est qu'un énorme pléonasme. Le vitalisme et l'holisme sont les principes de base, donc c'est comme si on disait "médecine soigneuse" ou "religion pieuse"... Bref ...

Pour la naturopathie moderne, évoluer est une nécessité, afin de répondre aux enjeux actuels, aux attentes des consultants et aux exigences de professionnalisation des praticiens.

Mais qu'entend-on vraiment par « naturopathie moderne » ? Comme toujours, il y a autant de définitions que de naturopathes, par manque de cadre officiel, alors je t'expose ici la mienne, celle que je pratique au quotidien.

Héritage traditionnel, vision contemporaine

La naturopathie puise ses racines dans des pratiques anciennes, se réclamant de la vision d'Hippocrate (ce qui est vrai ...)

De tous temps, et dans toutes les civilisations, l'homme a usé de méthodes naturelles pour se maintenir en santé et pour favoriser son bien-être (hygiène de vie, observation des cycles naturels, alimentation, jeûne, plantes médicinales).

Et au-delà de se calquer à la nature, la philosophie même de la naturopathie envisage l'homme comme un tout, qu'il faut considérer dans sa globalité et dans son contexte.

Cependant, la pratique d'il y a 50, 100 ans et plus, n'a plus grand-chose à voir avec les besoins des consultants d'aujourd’hui. Si les pères fondateurs comme Benedict Lust ou encore Pierre-Valentin Marchesseau en ont posé les bases, en lien avec les connaissances de l'époque, la naturopathie d'aujourd'hui a changé. Leur naturopathie moderne de cette période est devenue un peu datée et poussiéreuse à ce jour... Et c'est normal, les connaissances, les techniques et les points de vue évoluent...

Les besoins des consultants ne sont plus les mêmes, les méthodes ont changé, et il faut se rendre à l'évidence, de nombreuses théories du siècle dernier ne sont plus valables aujourd'hui. Les progrès de la science, des connaissances et de la médecine, nous montrent que la naturopathie elle aussi, doit évoluer, tout en conservant son principe d'ancrage issu des traditions :

• voir la personne dans une approche globale et dans son contexte, au-delà de la maladie, du trouble ou du symptôme.

• se calquer au fonctionnement et aux lois de la nature, à ses cycles, pour là aussi, s'inscrire comme faisant partie d'un tout, d'un écosystème global.

• contrecarrer les déséquilibres physiologiques et fonctionnels , sources de maladies, dans le but d'optimiser l'homéostasie.

  
  

Le praticien naturopathe moderne ne se contente pas de transmettre des conseils généraux basés sur la gestion du stress , l'exercice physique ou les huiles essentielles. Désormais, il analyse, personnalise et accompagne avec une véritable méthodologie, en s'adaptant aux conditions contemporaines.

Les piliers de la naturopathie moderne

1. Une approche basée sur la physiologie plus que sur les croyances.

Pour rétablir l'équilibre des différents systèmes physiologiques du corps, on ne peut décemment plus se fier à des écrits qui datent d'il y a 2500 ans. Si Hippocrate a su poser, en son temps, les fondations de la vision naturopathique, aujourd'hui il est nécessaire de prendre en compte les connaissances de la physiologie de base pour faire un travail efficace en naturopathie. S'appuyer sur la théorie des humeurs est désuet et obsolète, même si en soi, pour l'époque c'était extrêmement moderne et bien vu. La physiologie humaine est bien plus complexe que ça, personne n'en doute aujourd'hui, c'est pourquoi je m'interroge sur cette volonté qu'on retrouve chez les traditionalistes de s'accrocher coûte que coûte à ce genre de théories.

Favoriser le fonctionnement du corps, du mental et de la sphère émotionnelle en leur apportant ce qui leur est nécessaire, de façon concrète, est le meilleur moyen de soutenir l'homéostasie.

Certains concepts de naturopathie font peur aux plus sceptiques, mais c'est essentiellement une question de sémantique. Par exemple, les concepts "d'auto-guérison" ou encore d'"énergie vitale" fleurent bon l'ésotérisme dans les chastes oreilles des cartésiens. Ou encore mieux : le combo " force vitale auto-guérisseuse". Avec un terme comme ça, tu peux achever l'ensemble de la communauté scientifique... Pourtant, si on y regarde de plus près, il ne s'agit, ni plus ni moins, que d'apporter à l'organisme (j'y inclus le corps, le mental et l'émotionnel) les éléments qui lui sont nécessaires pour qu'il fonctionne au mieux, avec énergie. Pour moi, c'est ce que ça veut dire... Et je pense que ces termes ont été détournés de leur sens premier, par les dérives sectaires et ésotériques, qui sous-entendent par là, que quoiqu'il arrive :

• la nature fait que le corps se guérit tout seul, s'il a ce qu'il lui faut, (le fameux vis medicatrix naturæ , traduction latine d'une phrase grecque d'Hippocrate, qu'on voit ressortie à toutes les sauces)

• et qu'il y a une sorte de flux magique qui nous anime.

  
  

Mon avis sur les points qui précèdent : tout ça relève de la croyance, et ne peut pas se suffire en soi. La nature et l'Homme sont plus complexes. De nos jours, je pense qu'il faut aller au delà de ça, si on veut obtenir la crédibilité et la reconnaissance qu'on réclame depuis Mathusalem. Apporter à l'organisme ce dont il a besoin pour fonctionner au mieux, se calquer à la nature et suivre son fonctionnement, corriger les déséquilibres : c'est une évidence, mais ça ne peut être suffisant pour guérir de maladies graves, et la naturopathie moderne ne peut et ne veut pas se passer de la médecine conventionnelle, ni s'y opposer dans ses principes.

2. Une posture, un cadre, une rôle bien définis

Comme expliqué précédemment, la naturopathie ne bénéficie d'aucun cadre légal officiel. Mais ça ne veut pas dire qu'on ne doit pas définir un cadre cohérent par nous-même, si l'on souhaite qu'il soit un jour reconnu.

De ce fait, dans la naturopathie moderne que je pratique aujourd'hui, ma posture, mon cadre et mon rôle sont clairs et transparents.

Si l'organisation mondiale de la santé reconnait la naturopathie comme une médecine traditionnelle, de mon côté, je ne la vois pas comme une médecine à proprement parler. Pour moi, la médecine soigne et guérit , et je ne pense pas que la naturopathie ait cette prétention. D'ailleurs je me garde bien d'utiliser des expressions comme médecine douce, médecine naturelle ou encore médecine non conventionnelle. En France, le terme médecine est réservé aux médecins (et c'est très bien comme ça) alors pourquoi s'acharner à vouloir l'utiliser pour notre pratique.

Pour moi la naturopathie est une approche naturelle qui complète la médecine, et qui vient adapter l'hygiène de vie de la personne à sa problématique, afin de favoriser son équilibre physiologique global. Et ainsi retrouver une harmonie entre le fonctionnement du corps, celui du mental et les émotions.

Chaque maladie, chaque trouble témoigne de déséquilibres internes (et en ça, j'adhère totalement à la vision traditionnelle et ancestrale de la naturopathie) et la naturopathie moderne s'évertue à créer un climat interne plus propice au retour à l'équilibre, en utilisant des techniques naturelles. Le naturopathe n'est ni un médecin, ni un gourou. C'est un accompagnant, qui guide son consultant vers l'hygiène de vie la plus adaptée dans le but d'arrêter d'alimenter ses déséquilibres, et donc ses troubles. Et par ce fait, il participe au mieux-être.

Son rôle n'est donc ni de soigner, ni de guérir. En réalisant son bilan de vitalité (plus ça va, moins j'aime ce terme également, mais bon ...) le naturopathe propose des changements dans le mode de vie du consultant, qui seront adaptés à son contexte et à ses possibilités. Ces changements passent par :

• L'alimentation et la nutrition : autant pour ce qu'on met dans l'assiette, que par le rapport émotionnel à la nourriture, le contexte du repas, la façon de cuisiner...

• L'activité physique : au delà du sport, tout ce qui fait mouvoir le corps avec plaisir.

• La psychologie : pas dans le sens de se prendre pour un psychologue encore une fois, ou de tenter une quelconque thérapie psy pour laquelle on n'a aucune compétence, mais dans le sens de proposer un espace d'écoute et de favoriser le bien-être mental et émotionnel, en utilisant des méthodes de relaxation et de détente.

En plus de ces 3 "outils" principaux peuvent s'ajouter diverses techniques comme des diètes spécifiques , l'utilisation de plantes en cures (plantes adaptogènes le plus souvent) , des exercices de respiration, un travail sur le sommeil et les rythmes circadiens et encore bien d'autres possibilités très concrètes et applicables dans notre vie moderne.

Comme tu peux le constater, mon panel d'outils est très concret. Je n'utilise aucune pratique ésotérique ou "magique", et je m'agace constamment de constater que dès qu'une pratique ne relève pas du médicament, on la bourre dans la case naturopathie. Libre à chacun d'adhérer à des croyances spirituelles et ça peut être bénéfique, je l'entends, pour donner du sens à sa vie, se raccrocher à un concept quand ça ne va pas, pour trouver la force d'avancer etc... Mais c'est complètement personnel et propre à chacun.

Ainsi, pour moi, l'énergétique, l'iridologie, les chakras, le pendule, le reiki, le magnétisme, les machines pseudo-scientifiques de mesure bio-énergétiques (je m'arrête là, tu as compris l'idée) ne relèvent pas de la naturopathie moderne.

3- Une méthodologie structurée

Un praticien naturopathe, voit son consultant durant sa séance de naturopathie (1h30) pour réaliser le bilan de vitalité afin d'explorer son hygiène de vie et son fonctionnement physique, mental et émotionnel. Puis il analyse son cas pour trouver des liens de corrélations entre ces paramètres, pouvant expliquer ses troubles ou maladies. Et enfin, il lui remet un Programme d'Hygiène Vitale (là aussi, ce terme commence à me sortir par les trous de nez, même si je l'utilise toujours). Ce plan d'action, (un document structuré comme une véritable stratégie), résume les conseils du naturopathe et les changements à effectuer pour le consultant. Le programme est argumenté, illustré, documenté et s'évertue à coller au maximum au contexte personnel du consultant et à ses capacités de mise en place (personnalisation totale, pas de conseils ou protocoles génériques)

Alors ces personnes qui se disent naturopathes et qui interroge le pendule pour savoir quoi dire au consultant, et leur font écrire sur un coin de feuille les 3 conseils qu'ils donnent à tout le monde, je me demande ce qu'on fait dans la même case. Ma pratique est tellement diamétralement opposée... (toujours ce manque de cadre légal...)

De mon côté je suis une méthode structurée, qui me permet d'analyser même les cas les plus compliqués sans peiner, et que j'ai peaufiné au fur et à mesure des années.

Je propose bien entendu l'usage de compléments alimentaires, alliant micronutrition et plantes, dans une quantité limitée et sans pour autant en faire le coeur du travail.

🎯 Mon objectif : aider le consultant à corriger les déséquilibres organiques, soutenir le système immunitaire ainsi que le système de détoxification et redonner de l'énergie. Tout ça dans un travail d'adaptation qui vise l'objectif que le consultant s'est fixé, en utilisant des techniques de restauration de l'équilibre simples, concrètes et issues du bon sens. Mais pour lesquelles le consultant a besoin d'un accompagnement pas à pas, dans leur mise en place.

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La modération : essence même de la naturopathie moderne

Comme le dit trés justement l'humoriste Roman Frayssinet : "Les gens les forts de cette planète sont ceux qui sont capables de se modérer ! .... UN carré de chocolat ... (!) Moi je savais même pas qu'il y avait des carrés.... Pour moi, il y avait un rectangle... Avec des décorations dessus... C'est quoi cette histoire de carrés ??? "

Ces quelques phrases issues d'un de ses sketchs, illustrent parfaitement ce qu'est, au fond, la naturopathie : la capacité de se modérer, car on le sait bien, ce qui nous pousse vers les maladies de civilisation, ce sont les excès.

Et dans les conseils que nous prodiguons, nous invitons nos consultants, le plus souvent à se modérer ... ce qui est Ô combien difficile. C'est la raison pour laquelle un accompagnement progressif a toute sa place.

Mais si la naturopathie invite à la modération, j'ai envie de suggérer à ses praticiens d'appliquer cet excellent conseil à leur propre pratique. Dans le sens où toute vision ou technique extrême n'a rien à faire dans un programme où l'on est sensé conseiller la modération.

Ainsi, là non plus, je n'adhère à aucune technique ou idéologie extrême.

Pour moi :

• On ne se passe pas des médecins sous prétexte qu'on a vu un naturopathe

• On ne se passe pas des médicaments sous prétexte qu'on a vu un naturopathe

• On ne jeûne pas 3 semaines en pensant que ça repose l'organisme

• On ne passe pas son temps à faire des cures qui vise à vider l'organisme jusqu'à s'en rendre malade (genre purge à l'huile de ricin, ou lavements au café plusieurs fois par jour)

Tout ça me paraît absolument délirant....

En résumé :

Ce qui me désole, maintenant que j'accompagne les professionnels débutants dans leur volonté de s'ancrer dans cette démarche concrète, c'est de constater que leur formation en naturopathie ne leur a pas apporté ces clés. Il existe, encore une fois, autant de types d'école de naturopathie que de visions de la discipline.

Résultat : un fourre-tout chaotique et décousu, malgré les tentatives désespérées des instances pour fédérer les praticiens et harmoniser les pratiques (ce que je salue d'ailleurs, j'imagine le casse-tête...)

Pour moi la naturopathie n'est ni ésotérique (on l'avait compris), ni véritablement scientifique (étant donné qu'il n'existe que peu d'études validant ce qu'on fait). Elle est empirique, faute de mieux tant que nous ne bénéficierons pas d'études massives sur nos sujets, et n'est validée que par ceux qui ont ressenti ses bienfaits dans leur vie.

Alors voilà, je pratique la naturopathie moderne, au sens où :

• je prône la modération

• mes techniques sont simples concrètes et issue du bon sens

• j'accompagne dans la démarche , de façon progressive

• je m'adapte à chaque consultant : à sa vie, à ses possibilités, à sa capacité d'effectuer ses changements

• je m'appuie sur la physiologie

• je n'utilise aucune technique ésotérique

• je n'utilise aucune méthode extrême

• je ne suis pas contre la médecine conventionnelle

• je reste tolérante à l'égard de ceux qui ne sont pas rapides à se mettre en action, qui ont besoin d'étapes successives, mais qui avancent à petits pas vers le mieux

• et j'applique une méthodologie structurée pour faire une véritable analyse du cas de mes consultants, et leur proposer une stratégie qui a une logique.

En définitive, la naturopathie moderne n'est pas une rupture avec ses racines, mais une continuité intelligente : honorer l'héritage, tout en se mettant au diapason de notre époque. C'est dans cet équilibre entre tradition et modernité que, je crois, elle trouvera sa place et sa reconnaissance.